La Villa Juba

En trois petites heures, on y est. Je pose un pied sur le tarmac, le vent de l’océan souffle. Je devine au loin, le cri incessant des mouettes. Essaouira n’est plus qu’à quelques encablures. A l’ombre des tours et des remparts conçus par un disciple de Vauban, encore hérissés par endroits de vieux canons portugais, se cache un joyau bien gardé : la médina.

Tout le charme des zelliges concentré dans le souk des bijoutiers. La beauté, un soupçon décatie, des anciennes maisons juives. Diverses échoppes, aux allures surannées, pointent le bout de leur nez à chaque coin de rue. De nombreuses boutiques, spécialisées dans le travail du thuya, jalonnent chaque recoin. Impossible de ne pas céder à la tentation, quand plateaux, boîtes, bijoux, meubles et statues confectionnés à partir de ce bois odorant nous font de l’œil. Louise, grande généreuse dans l’âme dévalise tout sur son passage. A ce rythme là, l’école au grand complet, aura son souvenir souiri à la rentrée ! La gentillesse des femmes qui vous font goûter le plat qu’elles partagent, le sourire des marchands, la douceur des habitants et le calme de son lacis de ruelles en font un lieu à part. On se dirige vers la place Moulay Hassan, une pause sur la terrasse incroyable de la Casa Vera fait l’unanimité. La vue à 360 degrés est fantastique.

Ici, on vient de très loin pour goûter la rondeur ou le cinglant de la vague. La météo du littoral est parfaite pour s’initier au kitesurf ou au windsurf. Champions et débutants partagent la même passion. L’homme de ma vie jubile. Son fils aussi. Ils ne tiennent plus en place à l’idée de se jeter à l’eau. Quant à moi, je me laisserais plutôt gagner par l’envie de chevaucher. Je regarde ma fille qui devine dans mes pensées. L’idée de galoper quelques heures entre dunes et plages s’annonce être une évidence.

Fraîche, vivifiante, telle est Essaouira et peu importe le nombre de visites, ce bijou terrestre demeure extraordinaire. Surtout lorsque comme aujourd’hui, on décide de poser ses valises en dehors de la ville. A une quinzaine de kilomètres, sur la route du village d’Ida Ogourd, entre champs d’arganiers et murets de pierres sèches, on devine un domaine de toute beauté. Délicatement les portes s’ouvrent et là, tel un mirage, se dresse devant nous une somptueuse demeure. Bienvenue à la Villa Juba.

Un bout de Toscane au Maroc. Oui, vous m’avez bien lue. Le jaune vermillon qui colore les murs des différentes façades de la maison nous fait instantanément penser à nos amis italiens. Un p’tit air de dolce vita flotte dans les délicats alizés. Je regarde autour de moi, difficile de me concentrer tant la splendeur des lieux me laisse perplexe. Et, je ne suis pas la seule. Mon cher et tendre n’a pas mis longtemps à m’abandonner. De même pour ma progéniture. Je les imagine volontiers nourrir les animaux de la ferme ou courir comme des fous dans les nombreuses allées fleuries de l’enchanteresse propriété. Je découvre, cachée sur les hauteurs, une majestueuse piscine, de taille à affronter les dos-crawleurs comme les brasseurs tranquilles. En regardant les confortables transats, je sais pertinemment où je vais passer les prochaines heures.

Le personnel discret et efficace s’affaire autour de moi et m’accompagne découvrir notre nouveau pied-à-terre. Nous avons opté pour la suite familiale et quel choix judicieux. Une remarquable terrasse qui donne sur un charmant jardin. Deux vastes pièces où se mélangent avec grand art, orient et occident. La décoration est simple et raffinée. Les matériaux locaux utilisés de belle facture. L’ambiance est cosy. L’atmosphère feutrée, douillette à souhait. La salle de bain, rutilante, appelle à la détente. Un coin salon et une jolie cheminée viennent parfaire le tableau. Soixante mètres carrés rien que pour nous. Notre séjour s’annonce sous les meilleurs auspices.

Il serait déraisonnable d’ignorer l’espace bien-être et son traditionnel hammam chauffé au feu de bois. Après le rituel du gommage et le massage à l’huile d’argan, la salle de repos permet de s’immerger de nouveau dans la réalité. Et quelle réalité…

Vous qui êtes derrière votre écran, vous n’avez pas subitement envie de nous rejoindre ? Un conseil. Dépêchez-vous avant qu’il ne soit trop tard !