Hotel Doña Maria ★★★★

Je sirote mon cocktail (d’ailleurs, un grand bravo au barman !) et contemple depuis un long moment l’extraordinaire panorama qui s’offre à moi. Les toits de « la Capitale du Sud » balayés par les rayons d’un splendide soleil couchant appellent à la rêverie. En premier plan, la Cathédrale (qui abrite la tombe de Christophe Colomb) et la Giralda (ancien minaret du XIIè siècle transformé en clocher) se disputent la vedette. Je ne sais plus où donner de la tête. Le spectacle fascine. Je commande un deuxième « Cosmopolitan ». La température de l’air est délicieuse, limite indécente. Trop frileuse, j’évite la piscine. Bienvenue au Dona Maria Hotel****. Je regarde amusée mes plus fidèles confidentes, lève mon verre à cette fabuleuse amitié et réalise enfin ce que vont être les prochaines soixante-douze heures ! On oublie les enfants malades toutes les cinq minutes, les maris grognons et la grisaille qui plombe le moral. On se concentre sur notre escapade « sevillana ». Il suffit de se pencher pour vérifier qu’en bas, la belle et ses milliers de bars scintillent comme il faut. C’est parti !

C’est dans un bar à tapas (vous avez l’embarras du choix tout autour de l’hôtel) qu’elle commence. Dans les règles de l’art, installées au bar, nous commandons et dégustons sans retenue les différentes spécialités. Entre Pata Negra , pulpo gallego, tortilla espanola , patatas bravas et Quesos Manchego, nous faisons honneur aux célèbres classiques. Vino tinto pour les unes, blanco pour les autres ! La soirée se prolonge, les langues fusent. Le barman se rapproche, le serveur devient très familier !

Je me jette sur le lit, Emma m’imite. Notre chambre, élégante et stylée à souhait pour certains, un soupçon kitch pour d’autres, a le mérite d’être spacieuse et lumineuse. En fond d’écran, la Cathédrale qui veille sur nous, inlassablement. Tapis, tissus tableaux et autres luminaires s’en donnent à cœur joie. Les dorures aussi. Emma adore. Elle vient de réaliser qu’elle va dormir dans un ancien palais du XIVè siècle. Le style arabo-mauresque prédomine, à l’image du reste de l’établissement. On ne pouvait pas rêver mieux et c’est pour cela que nous sommes là. Je suis conquise. Je m’échappe dans la salle de bain et comprend pourquoi chaque chambre du Dona Maria Hotel**** rend hommage à une femme célèbre de Séville. A la hauteur de l’exigence de la gente féminine, tout a été pensé. J’hésite à me faire couler un bain chaud… je renonce, trop pressée à l’idée de retrouver Morphée. Emma m’a devancée, elle dort déjà devant l’écran plat allumé ! Qu’en est-il des deux autres ? Je décroche le téléphone et ose un appel dans la chambre d’à côté. Je dois être la seule à être encore debout. Je m’endors en pensant à demain, des images fictives du Rio Guadalquivir, de la Juderia, d’el Parque Maria Luisa ou encore de Los reales Alcazares… plein la tête. Demain elles seront bien réelles.

Difficile de résister à la grâce subtile de Séville. Car entre ciel désespérément bleu et patios intensément fleuris, sublimes palais et merveilleux jardins, intenses corridas et torride flamenco, elle sait magnifiquement jouer de tous ses charmes. On s’y perdrait volontiers… Avec son labyrinthe de ruelles pavées, on se prête définitivement à la flânerie. Tous nos sens éveillés, à l’affût de ses éclatantes façades colorées et de son doux parfum d’oranger. Rien de tel, pour capter l’essence de cette capitale ensorceleuse, que de l’arpenter à pied. On oublie vite nos très tendances semelles rouges et confortablement chaussées, nous alignons rapidement les kilomètres. On découvre au hasard d’un tournant une de ces enchanteresses cours intérieures qui nous rappelle illico les influences arabes de la région. On assiste également à la scène un brin désuète d’un tailleur, dans une minuscule échoppe, prenant les mesures de son client. Outre ces trésors bien cachés, des joyaux architecturaux en font sa renommée mondiale…

En refermant définitivement la porte de notre chambre, je sais d’ores et déjà que je reviendrai. Ce serait vraiment dommage de ne pas en profiter avec l’homme de sa vie ! Séville… à très très vite !